Parade du Littoral de Kourou

Bonsoir bonsoir,

Une parade qui dure plus de trois heures et se termine par un Vidé - camoin repoussant des danseurs - ce n'est pas courant. Ca l'est encore moins quand au cours du défilé on voit passer des personnages dignes des bals masqués de Venise, des déguisements d'anciens colons militaires ou encore des chars tout droit extraits de fêtes asiatiques, ou du carnaval brésilien.

Tout cela c'était en cette fin d'après-midi à Kourou. Il s'agissait de la Parade du Littoral de Kourou, un des événements majeurs du carnaval. J'y étais bien évidemment. L'ambiance était à la fête et à la joie.

Au début on pourrait se demander qu'est-ce qu'un défilé kouroussien a de particulier par rapport à un défilé cayennais ou métropolitain. C'est vrai en tête de la parade un groupe de motards... jusque-là rien de bien original. Et pourtant ils étaient vêtus en blanc et en or pour ceux circulant en tête. Car une des règles pour les groupes défilant étaient d'être vêtus en blanc et en or... règle plus ou moins respectée. Imaginez un motard à la barbe longue, sur un engin similaire à une Harley Davidson vêtu de blanc et or... déjà rien que ça...

Puis peu après le Roi. Oui parce qu'à l'heure où l'on parle "autonomisation" des DOM, la Guyane semble se diriger vers une royauté. Trêve d'ineptie, le Roi n'est rien d'autre que celui du carnaval, et on l'appelle communément le "Roi Vaval". Il apparaît au début du carnaval, à présent un lointain début janvier, pour disparaître lors du mardi des cendres. Il s'agit d'un personnage emblématique et qui fait parler même ceux n'assistant pas aux divers défilés organisés tout au long du carnaval. Le Roi est cette année un animal de la forêt, peu visible, et pas très beau, un chien crabier - ouille ouille ouille Philippe... oui il mange des crabes ! Et d'ailleurs le Roi se promenait avec sa clé - comme Saint Louis - et... un crabe derrière lui. Un beau crabe, géant et coloré de vert, de violet, de bordeau...

Notre Roi a laissé la place à sa cour : de belles dames venues de Venise. Mais comment se fier à ces espionnes ? Vêtues de splendides robes blanches ou dorées, avec des motifs en dentelle, et, bien évidemment, certaines portant le masque qui va bien. La parade de cette cour de faux nobles étaient entrecoupée par des groupes d'une plèbe plutôt étrange en ce XXIè siècle : un groupe de faux Indiens dansant la danse du feu, un groupe de Pierrots, des jazz-men apprentis jouant de la trompette, du saxophone... ou encore des tambours assourdissants. Ah ! Misère ! J'allais oublier les petits poneys de la cavalerie en majorité féminine de notre cher Roi Vaval.

Puis au loin de grandes ailes aux couleurs pâles et laissant filtrer la lumière... de beaux papillons géants nous ont rendu visite, tournoyant sur eux-mêmes, mais ne fermant pas leurs ailes, contrairement aux cachotiers que l'on voit en forêt. Ces papillons étaient suivis par d'horribles bêtes dignes du temps des dinosaures, surtout parce que l'une était verte, une autre violette...

Puis une douce musique a succédé au tam-tam excitant les foules. Tout simplement l'armée des Hmongs, puissante, oeuvrant en secret, et si possible par derrière. En vérité, un beau groupe avec des signes de leurs langue, et un char décoré avec quelques lampes à boule typiques.

Mais attention les anciens colons sont encore là pour aider le Roi Vaval dans sa difficile tâche - donner de l'amusement au peuple. Rien qu'à partir de matériaux de récupération, un grouoe avait décidé de représenter les premiers marins-colins qui sont venus en Guyane. Vêtus de cordage, de vêtements blancs sales, les voiles dehors - bon elles ne devaient pas être bleues à l'époque.

Le défilé s'est poursuivi avec des personnages portant sur leur tête ou sur leur ventre des fourmis travailleuses ou des araignées noires géantes ! J'ai eu très peur d'être dévoré. Cela dit ce sont apparemment des animaux - certes en carton - dociles. L'une des filles défilant a bougé une patte de son araignée pour mieux voir devant elle !

Le soir venu, notre cher et grand Roi nous a gâté, car il avait invité des femmes vêtues de robes multicolores, digne des plus grandes salles de bal, ou de manière moins poétique de Moulin Rouge. Au milieu d'elles de maginfiques brésiliennes montées sur des chars, tentant de nous convaincre, pauvres crédules, de sortir avec elles... pour nous vider notre carte bancaire !

Pour clore la parade, notre Roi, pour que la paix règne durablement en son royaume, avait fait venir un camion "cube de son", avec des murs d'enceinte sur les côtés latéraux et à l'arrière... de quoi devenir sourd immédiatement si l'on ne fait pas attention... mais de quoi ameuter toute la ville ! Autour du camion ce sont donc des centaines et des centaines de personnes qui ont marché et dansé.

Bonne semaine !

Eric